Introduction


Stéréotype : Du grec, stereos (solide) et tupos (empreinte, modèle)

    Un stéréotype est une expression ou opinion toute faite, sans aucune originalité, sur un sujet ou un groupe de personnes, un cliché. Les stéréotypes correspondent donc à des traits ou des comportements que l’on attribue à autrui de façon arbitraire. En ce sens, les stéréotypes sont une manifestation des préjugés. En général le préjugé est négatif et a donc pour conséquence une discrimination.
      La notion de stéréotype apparaît dans le domaine des sciences sociales.

Walter Lippman « On nous a parlé du monde avant de nous le laisser voir. Nous imaginons avant d’expérimenter. Et ces préconceptions commandent le processus de la perception.» 

    Walter Lippman (penseur, journaliste et commentateur politique américain) utilisa, en 1922, le terme de stéréotype pour rendre compte du caractère à la fois condensé, schématisé et simplifié des opinions qui ont cours dans le public. Il expliquait d’abord ce phénomène par l’existence d’un principe d’économie, expliquant que l’individu penserait par stéréotypes pour éviter d’avoir à réfléchir à chaque aspect de la réalité. Mais, plus profondément, il le liait à la nature même des opinions. Il concluait que l’homme ne juge pas en fonction des choses mais des représentations qu’il a de ces choses.

Walter Lippman


    La force évocatrice du stéréotype a une utilité toute particulière pour raconter une histoire, quelqu’en soit le support (le conte, la bande dessinée, le cinéma,…). En effet, il permet au réalisateur de faire l’économie d’une longue description. En évoquant une petite fille, un ouvrier ou un Chinois, le narrateur n’a pas besoin de beaucoup d’efforts pour que le public comprenne d’emblée quelles sont les caractéristiques générales de ce personnage. Le stéréotype qui lui est attaché complète son portrait sans qu’il soit nécessaire de multiplier les explications. Du côté du spectateur, le stéréotype aide à comprendre « qui est qui », parmi les personnages qui apparaissent à l’écran. Dans les récits, le stéréotype permet donc de réaliser une double économie : une économie du discours, pour le réalisateur et une économie de la compréhension de ce discours, pour le spectateur.

    Au cinéma, cet usage du stéréotype est tout particulièrement pratique. Disposant de peu de temps pour camper un personnage, le narrateur aura recours au stéréotype pour rapidement installer les éléments nécessaires à son intrigue. Le cinéma regorge donc de stéréotypes en tout genre qu’il a souvent contribué à créer : le détective privé, le policier, le jeune de banlieue, le tueur en série, etc.

    Comme il s’agit généralement d’opinions sans rapport avec la réalité objective, le stéréotype doit être rapporté à la notion de préjugé. On a souvent fait de ces deux termes les deux aspects, l’un conceptuel et l’autre affectif, d’un même phénomène. Plus précisément, le préjugé inclut le stéréotype comme une de ses formes d’expression. Le stéréotype s’exprime en une forme proche de la caricature, on met en relation ce que l’on voit et un modèle, une idée « universelle ». Les réalisateurs comptent beaucoup sur les stéréotypes parce que c'est une façon simple et efficace de définir un personnage.

    De nos jours, même si l'industrie cinématographique est plus sensible aux questions de culture et de genre, plusieurs films véhiculent encore de fausses idées à propos de certains groupes. Une représentation simpliste et mensongère peut déformer notre perception des autres.

Peut-on considérer que les stéréotypes cinématographiques sont le reflet de la société et de son évolution ? Nous verrons premièrement le rôle de la société par rapport aux stéréotypes cinématographiques, puis la prise de conscience de l’évolution des stéréotypes sociaux grâce au cinéma.